On entend souvent dire que l’art a pour charge d’exprimer l’inexprimable.
C’est le contraire qu’il faut dire : toute tâche de l’art est d’inexprimer l’exprimable.

Est-il possible que nos vies ne soient faites que d’histoires ? D’histoires que l’on s’invente, d’histoires que l’on emprunte aux autres, que l’on fait siennes, dont on hérite ? D’histoires qui, si elles ne parviennent pas à se dire, remontent le silence comme des bans de poissons nageant à contre-courant, pour se faire entendre en rugissant dans nos vies ? Est-ce pour cette raison que l’on écrit ? Pour se délivrer de ces fables qui ne sont pas les nôtres ?

Je ne puis accepter la pensée d’être libéré par un autre que moi-même.

Voici que le silence a les seules paroles qu’on puisse près de vous dire sans vous blesser.
Laissons pleuvoir sur vous les larmes des coroles, il ne faut que sourire à ce qui doit passer.

I usually solve problems by letting them devour me.

Il faut porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse.

La fausse note c’est la note qu’on sait pas quoi mettre après, si non tu peux pas dire qu’elle est fausse.

La voix est ce qui conduit de la caverne utérine à la caverne céphalique.

Devant le sphinx de la vie, où le prêche du langage n’arrive pas, c’est avec la musique que l’on traverse le naufrage des mots.

Impose ta chance, va vers ton risque, les autres à te regarder s’habitueront.

J’aimerais quiconque entendras que je crie que je t’aime.

Ainsi, sous les traits de Venus, quelque soit l’assaillant, jeune homme aux membres de femmes ou femme tout arquée par le désir, l’homme se tend vers ce qui l’a frappé.

A paranoid is someone who knows a little of what’s going on.

Vivre c’est faire vivre ce qui est en nous.

Ayant des choses à dire si singulières, si particulières, je ne pouvais les dire que dans un langage connu de la classe dominante, celle que j’appellerai tortionnaire, mes tortionnaires.
Il fallait qu’ils m’entendent, et pour qu’ils m’entendent il fallait les agresser dans leur langue.

Le statut du savoir implique comme tel qu’il y en a déjà du savoir, et dans l’Autre, qu’il est à prendre en deux mots, c’est pourquoi il est fait d’apprendre en un seul mot.
Le sujet résulte de ce qu’il doive être appris, ce savoir, et même mis a-prix, p.r.i.x., c’est-à-dire que c’est son coût qui l’évalue non pas comme d’échange mais comme d’usage. Le savoir vaut juste autant qu’il coûte beaucoup en deux mots et c.o.û.t. avec un accent grave, beau-coût de ce qu’il faille y mettre de sa peau, de ce qu’il soit difficile, difficile de quoi ? Eh bien moins de l’acquérir que d’en jouir.
Là dans le jouir, sa conquête à ce savoir, sa conquête se renouvelle dans le chaque fois que ce savoir est exercé, le pouvoir qu’il donne restant toujours tourné vers sa jouissance.
Il est étrange que ceci n’ait jamais été mis en relief, que le sens de savoir soit tout entier là, que la difficulté de son exercice lui-même, c’est cela qui réhausse celle de son acquisition.

L’inconscient n’est pas une connaissance : c’est un savoir, et un savoir en tant que je le définis de la connexion de signifiants.

L’intéressant est, du reste, une catégorie limite, un confinium (frontière) entre l’esthétique et l’éthique.

J’ai pleuré de voir la beauté du monde passer comme un rêve derrière ses yeux.

Je crois à la force de ce qui est lent, calme, obstiné, sans fanatismes ni enthousiasmes. Je ne crois en aucune libération, ni individuelle, ni collective, obtenue en faisant l’économie d’une auto-discipline, d’une auto-construction, d’un effort.

Mais il a transformé, petit à petit, sa détresse en mots, il a fait un oreiller de vieux mots, pour sa tête.

Musique expérimentale : Musique dont on ne sais pas ce qu’elle va devenir au moment ou on l’exécute.

Quand nous courons après les grandes personnes, nous courons après nous quand nous serons grands, c’est-à-dire morts à notre enfance.
Nous courons après notre mort, tous, nous courons notre vie.

Notre manière d’exclure est à l’œuvre précisément là où nous nous faisons gloire de notre don d’universelle compréhension.

Le poète est le jaloux gardien de ce qui lui fut confié.

L’être se mesure au manque propre à la norme.

Une analysante : Je vous aime et je vous déteste.
Lacan : Il faut bien commencer par quelque chose.

Pour atteindre cette vie personnelle sans se sentir constamment parasité par les autres, il faut avoir fait l’expérience suffisante d’une présence bien-veillante, qui sait ne pas exacerber l’éprouvé de détresse d’une solitude humaine essentielle, fondamentale, mais qui au contraire respecte l’être-seul de l’enfant.

Tout ce qui se laisse prendre dans la fonction de signifiant ne peut plus jamais être deux sans que se creuse, au lieu dit de l’Autre ce quelque chose auquel j’ai donné le statut de l’ensemble vide.

L’Autre dont je suis amoureux me désigne la spécialité de mon désir.

J’ai pour me guérir du jugement des autres toute la distance qui me sépare de moi-même.

Le front aux vitres
Comme le font les veilleurs de chagrin
Plaine si petite entre mes mains ouvertes
Le front aux vitres comme le font les veilleurs de chagrin
Je te cherche
Par delà l’attente
Par delà moi même
Et je ne sais plus tant je t’aime
Lequel de nous deux est absent

Le but de la sculpture, c’est d’abord la joie de celui qui la fait.

Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux.

Elle se voyait agir, pas à pas, geste à geste, avec cette aisance qu’on a dans les songes.

Le partenaire (sexuel) est un symptôme.

J’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu toi-même.

L’objet du désir est un existant absolu sans correspondance.

La déraison c’est que la vérité de la folie est raison.

Car voilà : on a supposé la terre plate. C’était vrai : elle l’est encore aujourd’hui, de Paris à Asnières par exemple. Seulement n’empêche pas que la science prouve que la terre est surtout ronde. Ce qu’actuellement personne ne conteste. Or, actuellement, on en est encore, malgré ça, à croire que la vie est plate et va de la naissance à la mort.

Un symptôme est un signe et un substitut d’une satisfaction instinctive restée en suspens ; il est une conséquence du processus de répression.

Ce terme est en effet d’autant plus pertinent que pertinente est la chose même qu’il désigne.

Tout finit par mourir excepté la conscience qui témoigne pour la vie.

La corde de l’arc comme celle de la lyre exerce une traction sur le bois qui lui-même reçoit chaque corde et la tend. C’est cette double traction dans les deux sens qui permet la beauté du son quand la beauté du son ne dit rien d’autre que la précision de la mort à partir de la flèche qui fusent vers la proie.

Merde à tout ce qui te fait croire que tu n’es rien d’autre que ce que tu es.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus qui au juste l’aima et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas.

Le trait fondamental de l’analyse, c’est que les gens finissent par se rendre compte qu’ils ont déconné à pleins tuyaux pendant des années.

La psychanalyse n’est pas une science mais une forme du savoir.

Dans la folie, quel qu’en soit la nature, il nous faut reconnaître […] la liberté négative d’une parole qui a renoncé à se faire connaître.

« Là où c’était le réel, je dois advenir », mais « je » n’y adviendra que si l’on arrive à savoir quoi faire d’un moi bien encombrant dans sa manie à jouer les bouche-trous.

L’autre d’un rapport sexuel existant est celui-là même qui a fait défaut dans le miroir.